Mame Diarra Diop est Mame Diarra Diop est journaliste-productrice à MIKADO FM, la Radio des Nations Unies au Mali. Avec plus de dix ans d’expérience professionnelle, elle a collaboré avec des médias internationaux comme RFI, Afrik.com ou Continental Magazine. Diplômée en Lettres Modernes de l’université Paris IV-Sorbonne, elle est également titulaire d’un Master en Alternance, spécialisation Management des Médias, de l’Ecole Supérieure de Journalisme de Lille (ESJ). Mame Diarra Diop est l’Auteure de deux recueils de nouvelles et d’un roman. Son credo est la compétence, la persévérance et l’excellence au-dessus de toute considération liée au genre. A l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, elle nous a accordé une interview

Etes-vous une défenseure des droits de la femme?

Je ne me qualifie pas de défenseure de droits de femmes mais je suis à la base journaliste. Dans mon travail de tous les jours, j’intègre la dimension genre. Je parle des sujets qui touchent les femmes y compris tout ce qui peut être négatif, donc d’une certaine manière sans être une défenseure acharnée je sensibilise sur la question de femme parce qu’aux Nations Unies, il important d’intégrer la dimension du genre, de prendre en compte la préoccupation de la moitié de la population féminine donc on est touchée par tout ce a trait à la femme, les entraves qui empêchent l’épanouissement personnel. Étant dans le système UN, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes qui  est le slogan de ONUFEMME. c’est très important pour nous, dans notre travail quotidien, cela s’explique par la prise en compte de l’aspect femme dans la définition d’un sujet, les femmes ont leur mot à dire dans tout ce qui se passe au Mali: que ça soit sur le plan politique, sécuritaire et consolidation de la paix. Oui on peut quelque part que je défends ou je sensibilise sur les droits de la femme.

Comment peut-on défendre les droits des femmes tous les jours ?

Défendre les droits de femme tous le jours n’est pas évident parce que en tant que femme nous avons nos propres vies personnelles à mener. Quand on est femme on sait ce que traverse les femmes dans la gestion quotidienne du foyer, l’éducation des enfants , le bien être de la famille donc lorsqu’on traverses certaines situations difficiles il ne faut pas hésiter à approcher d’autres personnes à essayer de comprendre ce que les autres vivent , c’est de cette façon qu’on s’intéresse aux questions de femmes , il se peut que les femmes traversent certaines situations amis elles ont peur d’en parler , si on veut défendre les droits de femmes il faut briser les tabous , le silence , il ne faut pas fermer les yeux sur des choses qui peuvent arriver à nous ou à des gens de notre entourage , si on voit qui n’est pas normal qui touche les femmes il faut forcement dénoncer et c’est de cette façon qu’on défend tous les jours les droits de femmes en ne gardant par le silence et en ne fermant pas les yeux sur ce qui n’est vas pas .

Pensez-vous qu’une loi contre les VBG peut être un moyen pour protéger les femmes maliennes des violences basées sur le genre ?

La loi sur la VBG est un vaste défi depuis longtemps cette loi attend d’être votée. Les violences continuent au Mali, je ne pense pas qu’une loi puisse empêcher  les violences car elles sont très ancrées dans la société malienne qui est patriarcale, du fait de la domination des hommes , les mécanismes de protection qui sont très faibles dans la société , avoir une loi est un plus mais encore faut-il que cette loi soit appliquée. On a passé des années à faire des sensibilisation sur les VBG , on se rend compte que les violences augmentent par exemple si on regarde le chiffre de l’année dernière, je crois qu’on a plus de 8000 cas de VBG répertoriés et qui augmentent d’années en années on se se pose la question de savoir qu’est-ce qui ne marche pas dans la sensibilisation?  est ce que si on vote une loi ça va changer quelque chose?

le vote de la loi déjà est une difficulté parce qu’elle n’est pas approuvée par toutes les couches de la société, elle pose problème parce qu’elle n’arrange pas tout le monde, que faut-il faire?

Je pense qu’il faut encourager une volonté politique en tout cas d’un point de vue judiciaire il faut sanctionner les coupables de VBG, ceux qui se livrent à de actes répréhensibles. Il faut faire jurisprudence en marquant les esprits par des procès qui punissent sévèrement et à souhait les auteurs. c’est de cette façon que le phénomène va diminuer en attendant cette loi soit un jour votée par ce qu’elle dort dans les tiroirs, c’est difficile aujourd’hui pour les associations des femmes qui du reste font un travail excellent ( APDF, wildaf, les One stop center qui accueillent le femmes victimes de violences basées sur le genre), en attendant qu’on ait une loi il faut que les femmes brisent le silence.

La première des choses est de briser le silence des tabous. Oser dénoncer et porter plainte. Ça commence par-là, se défendre soit même et les mécanismes qui sont pour assurer notre protection contre les VBG.

Que représente le 8 mars pour vous ?

8 Mars est une journée internationale des droits des femmes, pour moi c’est une journée comme toutes les autres à l’instar des autres journées tout au long de l’année, il faut regarder tout le combat qui a été mené pour la prise en compte des droits des femmes dans toutes les sphères de la société. Je pense au combat de toutes ces militantes féminines depuis la marche de Bejing, la convention pour l’élimination de discrimination à l’égard des droits des femmes des Nations Unies. Je pense que cette date est symbolique , elle nous faire penser aux efforts de toutes celles qui se sont battues pour que les femmes avancent dans la société , qu’elles aient le droit de vote , pour qu’elles droit à la terre. Toutes celles qui se battent pour que les femmes puissent être prises en compte dans les instances politiques et de décision, celles qui se sont battues pour faire adopter la loi quotas genre qui donne 30% de postes électifs, et nominatifs aux femmes. Pour moi, le 8 Mars est un jour symbolique. c’est vrai  que c’est un jour qu’on célèbre ou on porte un pagne au Mali.

Le vrai combat est ailleurs. il est dans l’équilibre de la société. Si aujourd’hui on a une loi quotas genre et que malgré ça on n’a pas assez de femmes dans les instances de prise de décision. Ke pense que le 8 Mars n’est pas du folklore et qu’il faut aussi penser à l’éducation des jeunes filles et garçons. c’est justement que se situe tout le problème , lorsqu’on ne prend pas en compte les jeunes  garçons , quelque part on a failli ,il me semble qu’il important de mettre les filles et les garçons sur le même pied d’égalité dès leurs enfances en leur montrant chacun leur droit et a ce à quoi ils peuvent aspirer. Tout ça fait du combat pour l’égalité de sexe donc le 8 Mars pour moi reste une symbolique mais au-delà de cela, le combat continue.

Quel est le défi que la femme malienne doit dominer pour vous ?

Les défis pour la femme malienne sont multiples, à chaque femme malienne son défi. On peut mettre toutes les femmes dans un seul défi. On a le défi sécuritaire pour les femmes qui sont dans les régions, elles sont menacées par la pauvreté car leurs sources de revenus sont menacées par le conflit, par beaucoup de choses par exemple : le changement climatique, le déplacement des femmes qui quittent l’insécurité pour trouver un meilleur endroit donc les défis sont multiples. Ce n’est pas seulement les citadines de Bamako mais les femmes qui sont dans les régions, elles ont vraiment besoin de soutien. Les défis pour les femmes modernes , il ne faut pas oublier les femmes rurales qui sont frappées de plein fouet par la crise. Elles doivent nourrir des familles entières. Les femmes de Bamako, elles leur combat se situe au niveau du leadership: comment être prise en compte dans les instances politiques? comment faire entendre leurs voix sur le plan internationale? Là aussi le combat est long, on regarde la transition. Il faudrait que la femme soit valablement représentée au CNT, dans le gouvernement, si on vous donne pas de la place sur la table de négociation il faut aller la prendre, comme le disait Ghandi « tout ce qu’on fait pour nous sans nous est contre nous ».

Donc pour que les femmes avancent leurs voix doivent être entendues, leur avis doit être prise en compte je pense qu’il doit avoir cette solidarité entre les femmes qui manque beaucoup dans les associations. Le leadership est à double tranchant on veut être leader mais est ce qu’on fait la transmission générationnelle? est ce qu’on transmet à ceux qui sont à coté au lieu de toujours vouloir les postes ?

il faut aussi penser à jeune génération, il faut que les anciennes fassent la transmission avec la jeune génération des femmes leaders. C’est important c’est un long travail à faire , je pense aussi aux femmes entrepreneuses qui se battent pour diriger des entreprises.

Ce que la femme gère dans une journée est énorme et souvent pour qu’une femme réussisse il faut un homme compréhensif à ses côtés sinon c’est très difficile, je souhaite un bon 8 Mars à toutes ces femmes du monde entier qui se battent pour réaliser leur rêve et qu’on leur donne les moyens de le faire

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