A Tombouctou, l’accès aux services de planification familiale est difficile pour les jeunes. Les raisons pour lesquelles les jeunes rencontrent ces difficultés sont surtout le tabou entretenu autour de la sexualité et un certain rejet de la planification familial pour nombreuses raisons ( sociales, culturelles, religieuses).
La planification familiale encore rejetée au Mali
La planification familiale rencontre encore une grande opposition de la part des populations au Mali. L’éducation sur la santé sexuelle et reproductive (SSR) est encore un tabou dans les familles qui sont conservatrices.
Les populations assignent aux méthodes contraceptives un objectif de lutter contre la religion musulmane en réduisant ou en empêchant aux musulmans de se multiplier comme le recommande la religion » c’est Dieu, Allah qui assure la pitance de chaque vie qu’il fait naitre sur terre » nous a confié Madame Touré, présidente d’une association de Tombouctou qui a accueilli une causerie-débat sur le thème de la pratique de la planification familiale par les femmes.
« Ils disent aux femmes de faire attention aux grossesses rapprochées, mais nos mères ont eu des grossesses rapprochées et d’ailleurs beaucoup plus d’enfants que nous ( 13 jusqu’à 15 pour d’autres). Pourtant, les produits qui sont injectées pour les femmes de maintenant n’existaient pas, même s’ils existaient, elles ne les connaissaient pas et elles n’y avaient pas accès. c’est avec les produits -là que les femmes sont incapables de faire autant d’enfants qu’avant » a-t-elle renchéri pour renforcer son argumentation. Aussi bien les femmes que les hommes s’opposent à la planification, avec une argumentation axée sur une imposition de la pratique pour des raisons qui ne serait pas à notre avantage .
Peu nombreux les parents qui acceptent d’amener leurs enfants dans les centres de santé pour la prescription d’une méthode de contraception ou qui les sensibilisent sur l’importance de la contraception pour une jeune personne sexuellement active.
Tout échange avec les enfants concernant la sexualité est interprété par les parents comme une tendance à encourager les relations sexuelles chez les jeunes et contribuer à une dépravation des mœurs.
Des jeunes peu convaincus de l’utilité de la planification
» Tu vois que tes camarades ont des relations et qu’ils n’ont pas de problèmes. tu te dis que tu n’auras pas de problème non plus. » confie une jeune adolescente, membre du club de philosophie du lycée AISSO de Tombouctou. Les jeunes ont ainsi tendance à se fier aux propos de leurs camarades qui prétendent ne pas avoir recours à la contraception. Ils évoquent ainsi l’importance de la sensibilisation des jeunes, mais aussi celle de leurs parents.
Au Mali, le constat est une pratique précoce de la sexualité chez les jeunes. cette pratique a plusieurs conséquences chez les jeunes:
- les grossesses de plus en plus précoces chez des enfants à peine pubères,
- les accouchements compliquées,
- les maladies sexuellement transmissibles
- interruption des études
Quand il est interdit d’avoir des relations sexuelles pour les jeunes, il leur est très difficile d’évoquer le sujet avec les parents confient majorité des jeunes. » Le comportement des parents fait que beaucoup de jeunes, surtout les filles, se font planifier illégalement, sans se faire consulter ni passer par les services de santé de la production des centres de santé ». confesse un autre participant de la causerie-débat.
Ces discussions initiées par le programme Debbo Alafia dans les établissements scolaires de la commune urbaine de Tombouctou à travers le projet ce sous projet est une opportunité pour les jeunes. Ils passent ainsi le seuil du tabou pour échanger avec les jeunes animateurs du projet sur leurs réalité concernant les SSR et la PF.
le projet » Sensibilisation en ligne des jeunes sur les SSR/PF » de SankoréLabs a sensibilisé non seulement les jeunes mais aussi les femmes et les parents à travers des causeries-débats dans les écoles, mais aussi des animations communautaires avec les organisations des femmes et ceux des jeunes.